Rendez-vous Téléphonique L'expérience d'une vie !
Clara

L'expérience d'une vie !

Clara a fait partie des nombreux lycéens qui ont tenté l'American Dream

Entre bal de promo, graduation, école et famille d'accueil, Clara revient sur son expérience en tant que lycéenne américaine !
YFU France:

Clara, tu es rentrée récemment. Comment te sens tu ? Nostalgique, heureuse ?

Clara:

Je suis rentrée il y a deux semaines. Et je me suis débrouillée pour être si occupée que je ne ressens pas de nostalgie. J'ai passé énormément de temps avec mes amis, et je suis toujours très heureuse quand je les vois. Du coup mes amis des Etats Unis ne me manquent pas trop.
J'ai skypé hier avec ma meilleure amie de la bas, et la semaine dernière avec ma famille d'accueil. C'est la que je me rends compte à quel point ça me manque, quand je vois le beau temps la bas, les lieux connus mais qui sont si loin, voir des gens avec qui j'étais il n'y a pas si longtemps... C'est la que la nostalgie vient.
J'ai eu deux sentiments très forts qui m'ont frappée quand je suis arrivée. Le premier était que je n'avais pas du tout envie de dormir dans ma chambre. Je regardais ma chambre, et je voyais les centaines de bricoles que j'avais gardées, me demandant pourquoi. C'était comme si j'enfilais une vieille peau, toute séchée et petite, comme si ça n'était plus ma chambre. Ma mère m'a du coup rappelé qu'on allait la repeindre, et c'est ce qu'on a fait depuis une semaine et demie.
Le deuxième sentiment, qui s'est envolé assez vite, était que tout me semblait petit, proche, dehors. Comme si la maison, la ville avait rétréci. C'était l'effet Etats-Unis, vu que tout est si grand, si large la bas, qu'ici tout parait minuscule.
Le reste du temps, je suis bien, je suis contente d'être rentrée, de retrouver certaines petites habitudes que j'avais oubliées, comme les trajets dans la campagne française, aller faire les courses au carrefour city juste à côté, entendre parler français autour de moi...

Une partie de l'équipe de softball
YFU France:

Quels sont les objectifs et les motivations d'une jeune fille de ton âge qui part un an à l'étranger ?

Clara:

Ce qui m'a donné envie de partir était ma sœur Marie, qui est partie un an en suède en 2012. Tout s'est super bien passé pour elle, mais comme elle avait déjà 18 ans, elle ne pouvait pas partir aux Etats-Unis. Du coup, comme elle n'a pas pu y aller, et que j'avais aussi très envie d'y aller, on a décidé entre nous deux que j'irai là bas. Mes parents étaient d'accord, le choix a été assez facile. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a poussé à partir, à part l'envie de faire comme ma sœur, l'envie d'aller au Etats-Unis, de vivre dans ce pays dont tout le monde rêve. Il y avait aussi le fait que parler l'anglais est un vrai bonus pour l'avenir, de dire dans son CV qu'on est parti un an de son plein gré est vraiment bien. Et puis il y avait aussi le fait de rencontrer durablement, des gens qui ne connaissent absolument rien de moi, et avec qui je peux être vraiment moi, et qui ne me prennent pas pour ce qu'il croit que je suis.

YFU France:

En plus de t'avoir certainement apporté en maturité, est ce que cette expérience va influer sur tes choix d'avenir ?

Clara:

Surement... Je savais avant, et je sais toujours maintenant que je veux étudier le français, donc ça ne m'a pas donné envie de venir étudier aux Etats-Unis, d'autant plus que ça serait un peu stupide d'aller étudier le français autre part qu'en France. Je voudrais devenir écrivain, donc les Etats-Unis n'ouvrent pas énormément d'opportunités.
En revanche, je sais maintenant que j'aimerais quand même faire quelque chose en rapport avec l'étranger, ce qui ne me serait pas venu à l'esprit avant de partir. Aussi, je pense que le fait d'être partie un an, la connaissance et les compétences acquises là-bas, influenceront toujours sur mes choix d'avenir.

YFU France:

Pour revenir à ton expérience même, où as tu été placée ?

Clara:

J'étais au Nebraska, dans sa capitale Lincoln. Je suis allée dans le lycée de Lincoln Southwest ( LSW), à une petite dizaine de minutes en voiture. Le Nebraska est un état républicain mais j'ai eu la chance d'être placée dans une famille démocrate qui partageait un peu mes idées politiques. Lincoln étant une ville récente, elle a été construite pour les voitures, donc même quelque chose paraissant proche restait à 10 minutes.
J'étais aussi chanceuse d'être dans un quartier magnifique, avec un terrain de golf appartenant à un country club avec une super piscine. Il y avait aussi un centre commercial pas très loin, avec beaucoup de restaurants différents et des boutiques de vêtements, ainsi qu'une librairie.
L'équipe de football que nous supportions était les CornHuskers, car la production principale du Nebraska est le maïs. Les couleurs sont rouge et blanc, parfois noir.

YFU France:

Comment était ta famille ?

Clara:

Ma famille, les Marvin, était le match parfait pour moi. Donna a 59 ans et Dan en a 56. C'était une situation assez nouvelle pour moi, d'avoir un mari plus jeune que la femme. Ils ont trois enfants : Katie, 27 ans, qui s'est mariée en octobre 2014, à Washington DC, j'ai donc eu la chance d'être invitée au mariage et de la rencontrer. Elle et son mari sont revenus pour Noël et j'ai pu noué des contacts avec elle et lui à ce moment là. Ensuite il y a Matt, 25 ans, qui fait des études de droit à l'university Nebraska Lincoln ( UNL). Il n'habitait pas avec nous mais dans l'ancienne maison des Marvin. Il venait plus ou moins tous les dimanches pour travailler dans le basement et regarder la télé. J'ai mis un peu de temps a être à l'aise à coté de lui, mais au moment du mariage de Katie, de vrais liens s'étaient tissés. Apparemment il aurait pleuré en rentrant chez lui après m'avoir dit au revoir. La dernière est Emily, 15 ans, qui habitait donc avec moi, et qui avait demandé une sœur d'accueil parce qu'elle en avait marre de n'être qu'avec ses parents la plupart du temps. Je me suis tout de suite très bien entendue avec elle, et le fait est qu'elle était le genre de personne a qui je ne serais jamais allée parler si elle n'avait pas été dans ma famille. Ce qui est vraiment génial parce que ça m'a aidé à me sortir de mes petits clichés français. Elle était en 9th grade (équivalent de 3ème).
Les Marvin étaient très cultivés, très ouverts à tout, mangeant beaucoup de légumes, tous ensemble à une table, dans une pièce sans télé, ce qui était génial pour une famille américaine, ou du moins pour l'idée que j'en avais. Donna a une soeur qui est mariée à un français vivant en France, donc ils avait déjà un peu de connaissances sur la culture française, ce qui était super.
Ils étaient extrêmement gentils avec moi, me payant chaussures et vêtements sans aucune raison particulière, achetant de la nourriture qu'ils savaient que j'aimais bien pour que je me sente bien, me conduisant partout si j'en avais besoin... Ils m'ont emmenée en Floride, à Disney World, et ne m'ont rien demandé de payer. Mon père d'accueil m'a même donné de l'argent de poche pour le voyage.

YFU France:

Concernant ta vie scolaire ?

Clara:

J'ai profité de mon année américaine pour prendre toutes les classes qui ne se trouvent pas en France. J'ai donc pris des classes comme photographie, dessin, communication orale, relation, théâtre, histoire des états-unis, Lifeguard training ( j'ai donc passé mon brevet de maître nageur avec la croix rouge), une classe de lecture et d’écriture anglaise, chorale toute l'année, ainsi que d'autre classes très bien. Le prof de show choir m'a même autorisé à faire partie du spring show, comme j'étais une étudiante d'échange. Mon lycée était génial pour ça. Il était très ouvert aux étudiants d'échange, et m'a permis, alors que j'étais complètement débutante dans les deux sports, d'entrer dans l'équipe réserve de softball et de soccer. De plus j'étais une junior (équivalent première), et les juniors ne sont normalement pas autorisés à être en réserve. Ils m'ont du coup laissé cette opportunité alors qu'ils n'y étaient pas obligés. De plus, ça m'a permis de me faire de très bons amis, que je n'aurais pas rencontré sans ça.
Les profs étaient très gentils, très compréhensifs du fait que je ne comprenais pas tout au début, et curieux d'en savoir plus sur mon expérience. Ma prof d'espagnol, qui parlait aussi français, m'aimait beaucoup, et elle a même essayé de me caser avec un des garçons de ma classe, ce qui n'a pas eu vraiment plus d'effet que de nous rapprocher amicalement.
L'emploi du temps était beaucoup plus sympa qu'en France, et aussi différent de la plupart des lycées américains car c'était un emploi en bloc. Donc on avait 4 blocs d'une heure et demie par jour, de 8h15 à 15h03, sauf le mardi où les classes ne duraient que jusqu'à 14h. Le repas ne durait qu'une demi-heure, et était divisé en trois sets, pendant le bloc trois, pour pas que tout le monde mange en même temps.
Il y avait 5 autres étudiants d'échanges dans le lycée, et on nous avait mis à disposition une conseillère, qui était là pour nous aider à organiser nos emplois du temps, et disponible si nous avions des problèmes avec la famille, où besoin d'aller voir quelqu'un si quelque chose n'allait pas. Je suis allée la voir une fois parce qu'a la dernière minute, juste avant le départ, un voyage pour le Minnesota a été annulé, à cause du fait que les conducteurs aient eu un accident de voiture, pas trop grave, mais ils ont quand même du être hospitalisés pour s'assurer de leur santé. J'avais basé tellement d'espoir sur ce voyage : acheter mes cadeaux de Noël, voir une amie française, passer un bon moment avec mes amis étudiants d'échanges... Que la nouvelle m'a profondément déçue et je me suis mise à pleurer en classe. Mais Mrs Finkhouse m'a accueillie dans son bureau et m'a laissée rester jusqu’à ce que j’arrête de pleurer et me sente en forme pour retourner en classe.

YFU France:

Entre famille, vie d'école, lieu et quotidien, était ce ce à quoi tu t'attendais avant de partir ?

Clara:

Pas vraiment, vu que j'avais fait attention à ne rien attendre. J'essayais de ne pas avoir trop d'espoir parce que je ne voulais pas être déçue. Et heureusement, car je n'ai cessé d'être agréablement surprise par la plupart des côtés de ma vie là bas. J'avoue ne pas avoir grand chose à dire la dessus.

YFU France:

Etait ce mieux ? en dessous de tes attentes ? Différent mais tout autant enrichissant ?

Clara:

J'ai été surprise par beaucoup de choses, positives ou négatives, donc dans certains côtés, c'était encore mieux que ce que j'espérais, des autres, j'étais déçue de leur comportement.
J'ai été extrêmement surprise de leur patriotisme. Le premier matin de cours, ma soeur d'accueil me demande : " Hey ! Do you know the pledge of allegiance ? I'm going to write it down for you then". J'avais jamais entendu parler du Pledge of allegiance avant, et ma surprise fut vraiment grande quand j'ai entendu la voix du directeur sortir d'un haut parleur, un dans chaque classe, nous souhaitant bonne rentrée et nous demandant de nous lever pour réciter le pledge. Je ne pouvais pas croire ce que j'entendais dire. Pendant plusieurs mois, j'ai refusé de le dire, car je ne voulais pas prêter allégeance aux Etats-unis. J'ai plus tard changé d'avis me disant que si j'étais en Amérique, je me devais d'adopter leurs coutumes, d'autant plus que, comme la plupart des autres élèves, je ne le pensais pas. Mais le fait de réciter quelque chose tous les jours d'école à leur nation en dit long sur l'estime qu'ils ont d'eux mêmes et des Etats-Unis.
D'un autre côté, j'ai étais très surprise du matériel et du budget que l'école avait. Plein d'uniformes pour trois équipes dans tous les sports que le lycée offrait, filles et garçons pour la plupart, un auditorium magnifique avec un programme de théâtre super, des ordinateurs Apple pour les salles de travail, des rétroprojecteurs pour quasiment tous les profs, de la wifi dans le lycée, deux gymnases et une piscine intégrée à l'école, un terrain de softball et un de baseball, un de football américain, un grand de football, une super piste de course d'athlétisme... Comparé à mon lycée français, c'était vraiment hallucinant.
Pour en revenir au patriotisme, il y avait aussi le sujet du militarisme. Je ne peux compter le nombre de personnes que j'ai entendu répéter qu'il remerciait nos soldats sans lesquels ils ne bénéficieraient pas de leur liberté actuelle. Mais je ne comprenais pas leur discours, vu que toutes les dernières guerres se sont passées en dehors des Etats Unis. Il y avait régulièrement des militaires à l'entrée de mon lycée en mission de recrutement. Même dans l'état le plus central des Etats Unis, on pouvait sentir la puissance de l'armée américaine.
Après je peux bien sur parler du fait que comme tout a été construit pour les voitures, j'étais très paralysée, mineure, sans permis, avec la possibilité de me déplacer uniquement en demandant à des gens de me conduire pour me rendre dans des endroits en ville.
C'était en dessous de mes attentes sur la diversité de choses à faire en ville, mais la variété de spectacles passant en ville ou dans l'arena était quand même assez grandes, et j'ai pu aller au concert de Katy Perry, j'ai failli aller à celui de Vance Joy, aller à la soirée Life in Color, rencontrer des tas de personnes de partout dans les Etats-Unis...

YFU France:

Quel est ton moment le plus fort ?

Clara:

Je crois que mon moment le plus fort, même s'il était tout simple était quand, un jour de shopping, trois mois après mon arrivée, je suis entrée dans une boutique et il jouait la musique Right Now, de Rihanna. Je me suis rendue compte que cette chanson que je connaissais depuis vraiment longtemps sans jamais vraiment comprendre, je pouvais désormais comprendre toutes les paroles. L'excitation que j'ai ressenti à ce moment là était vraiment très forte. Je pouvais enfin comprendre les chansons anglaises, une de mes motivations de mon départ.

YFU France:

Comment gérais tu les coups de mous ?

Clara:

Je n'ai pas eu énormément de coups de mous, mais je vais vous communiquer la liste que ma soeur m'a donnée avant de partir, et que du coup j'ai bien appliqué. J'allais parler à ma famille d'accueil, j'écoutais de la musique electro ou mes musiques préférées, les chantants, ce qui ne manque jamais de me mettre de bonne humeur. Je regardais friends ou How I met your mother, ces séries qui sont vraiment marrantes. Et si le coup de mou durait, je parlais par skype ou par facebook avec mes amies, qui me remontaient toujours le moral.

YFU France:

Tu as récemment exprimé ton envie de devenir bénévole et de participer au weekeend décollage. Qu'est ce qui t'a donné envie d'intégrer la famille YFU ?

Clara:

J'ai passé un très bon moment au weekend de décollage l'année dernière, et les moments avec les autres étudiants d'échanges là-bas sont parmi mes meilleurs souvenirs. C'est super de passer du temps avec des gens qui partagent ton expérience ou qui vont les partager et j'ai passé une si bonne année que si je peux aider d'autres à passer une bonne année à l'étranger, ça me ferait vraiment plaisir. De plus, je sais que la famille YFU est pleine de gens très intéressants avec des parcours de vie super, et j'aimerai beaucoup pouvoir discuter avec eux.

YFU France:

Le weekend décollage a-il été un moment important dans ta préparation avant le départ ?

Clara:

Le weekend m'a donnée vraiment très envie de partir, un peu peur, mais surtout, montré que je n'étais pas toute seule. Nous étions nombreux à partir et j'ai noué de belles amitiés avec tous ces étudiants qui était tous très ouverts à la discussion et au partage. Je me suis jamais fait des amis aussi vite, et des amis que je sais que j'allais garder car ils habitent tous plus ou moins autour de Lille, comme moi. Donc c'est super pour se voir et prolonger notre expérience.

YFU France:

Un dernier conseil pour tes successeurs ?

Clara:

Sortez, participez aux activités du lycée, montrez vous, pour que les élèves de votre lycée vous reconnaissent. Et dites oui le plus possible, on sait jamais ce qu'il pourrait se passer. Gardez en vue et en pensée : Qui ne tente rien n'a rien, et là-bas personne ne vous connait, ou n'a d'idée préconçue sur vous. Alors profitez-en, prenez les occasions.

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